UNICEF
LRPS-2019- 9154746 « Collecte et analyse des données nationale sur situation de la violence en milieu scolaire au Maroc » Invitation to bid

Reference: LRPS-2019- 9154746 VMS
Beneficiary countries: Morocco
Registration level: Basic
Published on: 03-Dec-2019
Deadline on: 18-Dec-2019 12:00 (GMT 1.00)

Description

Contexte : 

La violence en milieu scolaire (VMS) est un phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur et qui constitue un obstacle à la réalisation du droit à l’éducation et à une éducation de qualité1. Cette problématique reflète une série d’enjeux sociaux, éducatifs et politiques relatifs au rôle de l’institution scolaire dans le développement de la socialisation des jeunes. On note que l’école est un milieu de vie complexe propice aux multiples manifestations de violence, mais également un endroit privilégie pour soutenir l’apprentissage de comportements sociaux positifs et le développement de mécanismes socio-émotionnels permettant aux individus de développer des compétences pour gérer adéquatement leurs relations interpersonnelles. Pour pouvoir remplir sa première mission qui est d’instruire ses élèves, l’école doit veiller à ce que chacun s’y sente bien, respecté, intéressé et en sécurité.
La Convention relative aux droits de l’enfant, adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies le 20 novembre 1989 ratifiée par le Maroc en 1993, stipule que chaque enfant a le droit à l’éducation et à la protection des adultes de son entourage pour l’encadrer et le sécuriser tout au long de ses apprentissages sociaux et scolaires, et cela, qu’il soit victime, auteur ou encore témoin de ce genre de situation.
Au Maroc, une enquête réalisée en 2004 par l’UNICEF2, en collaboration avec le Ministère de l’Education Nationale3, sur la violence subie par les enfants des écoles primaires, a révélé que 87% des enfants disent avoir été frappés par les enseignants. Ces derniers percevaient la violence contre les écoliers comme une forme de sanction « normale ». Parmi les motifs qui les poussent à punir les élèves, sont évoqués les comportements violents des enfants (dispute entre élèves et plusieurs autres comportements perturbateurs) (UNICEF, 2004).
Selon les résultats du programme national d’évaluation des acquis des élèves du tronc commun (PNEA)4 réalisé par l’instance nationale de l’évaluation en 2016, la violence reste très répandue dans les lycées. En effet, un cinquième des élèves recourt à la violence verbale et physique et la même proportion subi des agressions. En outre, 19% des élèves en moyenne ont des enseignants victimes de violence verbale et 16% ont des enseignants qui font l’objet de violences physiques.

De plus, 45% en moyenne des élèves ont des enseignants qui recourent à la violence verbale contre 13% qui ont des enseignants qui peuvent aller même jusqu’à la violence physique. La même étude confirme l’effet violence sur les acquis des élèves, en effet des différences de scores, allant de 2 à 6 points, sont enregistrées entre les élèves les plus exposés aux violences et ceux qui le sont moins, en faveur de ces derniers.

Face à ces constats le Ministère de l’Education Nationale a élaboré une stratégie intégrée de prévention et de lutte contre la violence subie par les enfants en milieu scolaire. Un dispositif institutionnel a été mis en place en 2011 pour mettre en oeuvre cette stratégie comprenant un observatoire national, des observatoires régionaux et provinciaux et des cellules d’écoute et de médiation à l’échelle des établissements scolaires5 et des actions de renforcement de capacités des professionnels de l’éducation. Dans le même cadre, le Ministère de l’Education Nationale, de la Formation Professionnelle, de l’Enseignement Supérieur, et de la Recherche Scientifique a lancé en 2015 une plateforme « MARSAD »6 destinée à enregistrer les cas de violence dans les écoles et à catégoriser les différentes formes de violence dans les établissements scolaires et autour des établissements vu la grande complexité du phénomène.
Le conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS) a aussi accordé une importance à cette problématique, en la plaçant au niveau de deux leviers de la vision stratégique 2015-2030 :
- Levier 18 intitulé « Edification d’une société citoyenne, démocratique et égalitaire » dans lequel le conseil recommande 4 niveaux d’intervention pour dépasser les comportements d’incivilité, notamment la triche, le non-respect de l’environnement et du bien public et la violence dans les établissements d’éducation et de formation et dans leur environnement.
- Et le levier 21 intitulé « Consolidation de la place du Maroc parmi les pays émergents » dans lequel le conseil recommande l’articulation de la formation et de la recherche autour de l’intérêt social comme la lutte contre l’analphabétisme, la précarité, la maladie ou la violence.
Malgré ces initiatives, assez peu d’analyses sont disponibles pour cerner les manifestations, les contours et la complexité de la problématique de la violence. En effet, les données probantes, faisant état de l’étendue et de la nature de la violence, sont limitées, et il existe à ce jour peu d’informations sur les bonnes pratiques permettant de prévenir ou de lutter contre ce phénomène.
Au vu de la mission de UNICEF et des prérogatives de l’INE, et devant la complexité de la problématique des violences vécues en milieu scolaire, une évaluation de la situation se révèle pertinente, afin d’identifier la prévalence, d’établir une vision élargie du phénomène et d’envisager les interventions éducatives avec un oeil critique. Elle permet un regard croisé sur différents facteurs pouvant influencer la mise en place d’interventions appropriées pour prévenir et réduire la violence en milieu scolaire.